Gaëlle Guével peintures

6 octobre 2020

poèmes à partager

Filed under: — admin @ 22 h 13 min

L’humain est partie d’un « Tout Universel », fait de vivant et d’éléments naturels … l’Homme appartient à la Nature, il en est partie et descendance. La réciproque n’est pas vraie, la Nature n’appartient pas à l’Homme ; rares sont les artistes et les poètes qui ne perçoivent pas cela ou ne le disent souvent. Tout homme peut comprendre et reconnaître les rythmes, les bruits, les formes, les couleurs de la Nature comme « harmonieuses », car elles sont en harmonie avec son être profond.

Charles Le Goffic, poète et écrivain breton, Académicien (né à Lannion en 1863), a traduit admirablement en son temps ce sentiment d’unité, de fusion et de reconnaissance dans une poésie merveilleuse, aux rimes si riches et si justes qu’elles semblent lui avoir été soufflées par … ce « quelque chose qui nous dépasse mais fait lien entre nous », que chacun appelle comme il veut … :

Je suis revenu seul par Landrellec. Voici

Qu’au soir tombant l’ajonc s’est encore épaissi

Et qu’à force d’errer dans le vent et la brume,

Si tard, sous le ciel bas fouetté d’une âpre écume,

Et d’entendre à mes pieds sur le varech amer

Toujours, toujours ce râle obsédant de la mer,

Et de voir, quand mes yeux retournaient vers la côte,

Des peurs sourdes crisper la lande épaisse et haute

Et la brume flotter partout comme un linceul,

J’ai senti que mon mal n’était pas à moi seul

Et que la lande avec ses peurs crépusculaires,

Et qu’avec ses sanglots profonds et ses colères

La mer, et que la nuit et la brume et le vent,

Tout cela s’agitait, souffrait, était vivant,

Et roulait, sous la nue immobile et sans flamme,

Une peine pareille à la vôtre, mon âme.

Charles Le Goffic

Le Bois Dormant, 1900.

 

Dans un autre registre (moins talentueux! ), voici quelques uns de mes poèmes, je profite de ce site pour les partager ! Un poète n’écrit pas que pour lui…

 

 

Terre et mer

Des oiseaux blancs,

Comme des morceaux d’écume, des pétales

S’écrasent au sol

Avec le vent

Portés par leurs voiles claires

Crissant comme des mâts, des haubans

Ils viennent jusque dans les terres

Sur les lourds labours du printemps

Contre le bleu gris

Ils émerveillent

Mon regard

De bleu sombre, de brun-rouge, de ce blanc doré

De l’ajonc ployant sous ses chaudes fleurs

Je me  régale

C’est la fin d’un rêve?

Ça m’est égal!

 

Matin

Le ciel est changeant, parfois brillant

Les couleurs se réveillent sur le damier des collines

Jaune acide des colzas, brun d’une terre fertile

Vert tendre des feuilles nouvelles accolé

Au blanc léger

Des aubépines

Comment les rustres corps des pommiers

Peuvent ils faire naître la délicatesse

Des fleurs ?

 

Les genêts

Au mois de mai dans nos campagnes, ils s’inclinent comme pour une prière

Les genêts jaunes, les genêts blancs, chargés de fleurs de lumière

Des fleurs généreuses et plastiques ouvertes en un feu d’artifice

En de grands bouquets magnifiques

C’est un hommage à la Bretagne, ces traînées d’or et d’argent

Peintes sur de solides plants

Accrochés au granit, accrochés à leur terre, houleux et souples comme une mer

Forts et tenaces comme l’Atlantique

Les cheveux fous, ils dansent au vent

Ils ploient, ils fouettent ou se hérissent

Quand sous la chaleur ils transpirent

C’est comme la marée, le varech : des senteurs lourdes qui entêtent

Une beauté n’est pas parfaite !

Elle saoule comme un élixir…

Lorsque s’éteignent leurs lumières jaunes, leurs gousses brunes craquent au vent

Comme des noisettes sous la dent

Des fruits mystérieux et chantants

Au fond des poches des enfants.

 

Terre Bretonne

Mon pays, ma terre,

Le vent y creuse l’envie de vivre

Au milieu du gris, du bleu,

De l’émeraude

Du sable doux des dunes blanches

Et de la pierre

 

Dans les campagnes

Le soc d’acier dans son sillon

Crisse avec les pins

Et les goélands.

L’odeur acide de la terre, des genêts lourds, de la bruyère

La vanille fraîche des  ajoncs

Saoulent comme le cidre

Sous le soleil

 

L’Atlantique là-bas s’étend …

Ah ! filer  vers la mer !

pour voir jouer ses écumes blanches

telles un  lait crémeux et doré

Qui se mêle au turquoise

Et au noir des rochers

 

Pleurs du ciel

Pleurs de notes, musique de l’âme

Et vraies légendes

Habitent ma Terre

Que je n’habite plus assez.

Mais mon cœur  reste accroché sur ses côtes

Entre Morgat et Le Bono.

 

 

Ode à mes chats

 

Luna

Tout de gris-bleu,de blanc-gris, de rose et de crème,

Ma douce chatte

Entre deux cercles lunaires

Coule ton profond regard de pierre

Vivant, comme un hologramme

Reflets d’argent

Sur du velours

Un tigré délicat descend, doucement,

Au bout de tes pattes

Indépendante et sauvage petite âme !

Tendre et dangereux animal !

C’est lorsque mon coeur a mal,

Que ta présence me rassure

Tu soignes un peu mes blessures

D’amour

 

Mon bibou

Tigre élégant mais gris et blanc

A la démarche de puma

Et petit

Petit coeur contre mon coeur

Ton doux parfum

De vanille et de pain

Me manqueras

Non ne meurs pas , ne meurs jamais

Reste près de moi

Petit bavard

Yeux de velours

Cernés de khol

Robe en satin

Je te servirai  pour toujours

Mais ne pars pas

Mon chat

 

 

Coco

Mon courageux

Mon fier tigré

Mon baroudeur

Mon bouddha doux

Aux yeux d’opale

Boule de neige et de blés mûrs

A belle allure

Tu as souffert

En dignité

Et en patience

Je t’ai aimé

 

 

 

 

La lune

Cette petite lune qu’on a mise là,

Pour éclairer nos nuits

Pour bien nous garder d’avoir peur,

Enfants chéris

Tendrement elle nous éclaire

Pour qu’on n’oublie pas les couleurs,

Qu’on s’endorme dans la douceur

De mélanges de complémentaires

Une lueur près de la Terre

Quand le soleil la délaisse

pour prodiguer d’autres caresses

Vers l’ouest

Une lueur pour que l’on voit

De notre paradis

Le rêve d’un astronaute

Des ombres bleues sur la neige

Un reflet d’argent sur la mer

Un blanc claquant

Pure lumière…

Qu’on le compare aux ténèbres

De nos âmes !

Là, une fenêtre

Dans le bleu roi

Un disque blanc d’eucharistie

Douce, immortelle

Et bien plus haute

Que les néons publicitaires

 

Paysage avant l’usine

Oh quiétude infinie

Douceur

Repos après l’effort

De doux paysages

De tendres ciels

Sont mon décor

Sous la gelée

Tout est vert-blanc

Tout est si clair

Et je m’endors

Contre les flancs

De la colline

Qui se réveille et s’illumine

Soudain se lève un éclair d’or

Et la lumière couleur de miel

Fond le décor

Ce blé mouillé

Ébouriffé, fait négligé !

Mais bientôt, Oh non!

Silence, enfermement

Travail

Pendant ce temps

Les arbres scintillants dansent au vent

Sur ce ciel entrelacé de nacre

D’argent

Sur cet azur clair et brillant

Mon Dieu comme ils sont vivants !

 

Morgat,Saint-Hernot, sentier côtier.
Ma Bretagne cache au creux de ses bras
Un trésor
Un lieu où tout est harmonie,
Beauté suprême…
De hautes falaises blanc-crème
Irradient sous le soleil
Parmi les pins, la bruyère
Et les fougères
Des joyaux translucides
Turquoises, or jaune pâle
Indigos, verts
Scintillent
Bouquet de vie calme
A l’abri
Des bruits du monde,
Bénéfiques ondes.
C’est un lieu où je pénètre
Les larmes aux yeux,
Cœur battant et sens en éveil…
Ô parfum d’iode et de miel !
Ô vent léger !
Camaïeux des bleus de la Terre
Brumes argentées,
Horizons lointains qui s’étendent
Au-dessus des landes.
Ô vertigineuses falaises !
Humilité.
Poudre rose sur le chemin,
Odeurs boisées des pinèdes,
Goût de la sève d’un pin,
Fragment de roche dans mes mains,
Roche blanche semée de cendres
Morceau de Sud tombé du ciel
Qui se fond dans une mer
De fraîcheur et de lumière…
Je veux descendre
Toucher l’eau claire et m’y baigner :
Baptême.
Foi de peintre
Je t’appartiens,
Je t’aime.

 

Les cygnes

Là, sur les reflets électriques

D’un ciel bleu

Nuages blancs

Glissent dans un mouvement lent

Des princes magnifiques

Ligne superbe, ligne impeccable

Créatures au charme implacable

A notre orgueil, ils portent un coup!

Quelle grâce, quelle délicatesse

Dans la courbure de ces cous

Dans les creux de ces ailes douces :

Élégance aussi dans leurs voiles

Où perlent telles des diamants

De moelleuses gouttelettes

Et ce maquillage !

…Fait seulement d’encre de chine

De ses traits noirs

Oh! Beauté que rien ne voile

Pure et simple

Et si fragile

Devinent-ils

Que peintres et poètes

Leurs amants

Rêvent de vivre

Dans leur sillage ?

 

Il faudrait mourir de chagrin

Il faudrait mourir de chagrin

Pour vous qui souffrez

Au bord des chemins

Qui mourrez

De nos mains

De nos silences

De nos absences

De nos égoïsmes

Notre dignité ne se rachètera pas

Pas même

Avec des poèmes .

 

 

 

Jacinthe-surprise

 

Bouquet parfumé

Jailli d’un écrin satiné,

Bombe de feu d’artifice

Mais qui ne bouge…

Oh la belle blanche ? Oh la belle bleue ? Oh la  belle rouge ?…

Oh la belle rose ? … Ou parme ? …

Quelle malice,

Et quel charme !

T’aurais je bien devinée ?

J’ai hâte de te humer…

 

Le bout de ta tige plastique

Perce un matin à bonne allure le velours

De son soyeux nid de pelures violacées –métallisées.

Puis,  c’est fantastique :

En quelques jours,

Cent clochettes de conte de fée

Embaument l’air tout près de toi.

Si bien qu’éloigner mon nez

Est si dommage à chaque fois !

 

 

 Jonquilles…

 

Quoi  mieux qu’un bouquet de jonquilles

Évoque la fraîcheur du printemps ?

Divin élixir des sous-bois

Son  parfum tendre est envoûtant

Si doux et acide à la fois !

 

Oh petits soleils des forêts !

Astres sylvestres pâles et frais

Aux senteurs vertes de sève, de sucre

S’évanouissant au crépuscule

Quand se ferment les abat-jours

De ce peuple de feux follets.

 

Puis au matin sous la rosée

Leurs pétales jaunes s’écarquillent

Dévoilant couronnes orangées

Ou collerettes de vanille

Dentelées et fièrement portées

C’est ainsi que les elfes les habillent !

 

Je me plais dans leur paysage

Beauté gracile et généreuse

Don éternel aux nobles arbres

Égayant leurs heures frileuses

De danses enjouées ou sages.

 

Et moi, mon bouquet à la main

Je ressens l’émoi enfantin

D’avoir là un rare présent

Et de quoi éclairer l’hiver

Ou les pires de nos tourments.

 

Lilas

Oh, doux lilas,

Légers bouquets si délicats,

Grappes d’étoiles qui dégringolent

Avec grâce, en paraboles.

Dons du printemps

Amas charnus, nuages frais

Mauves ou blancs

Constellations de papillons

En équilibre

Dans la calme respiration

D’un bel arbre

Au bout de vos noueuses tiges

De bois vert

Vous reposez

Sertis d’un berceau de feuillages.

 

Et si par une brise légère

Votre parfum est emporté,

Que par chance, j’hume l’air

Dans son sillage

Ou si je rapproche mon nez

De votre écrin

( Là vous me chatouillerez !)

Je serai prise du doux vertige

De vos senteurs qui enivrent

Telles le vin

Oh sensuels raisins de fleurs

Nids de bonheur

Plaisir divin !

 

Pardonnez si je vous délivre

De votre arbre

Et de vos frères vous sépare

Pour vous mettre dans un vase

Tout près de moi…

 

Pin millénaire

 

Armure de gris métallique

Autour d’un cœur tendre sanguine

Fait de couches circulaires :

Printemps, été , automne, hiver…

Qui par centaines,

Se figent.

Vénérable cime altière

Grinçante

Secouée par des brises légères

Lancinantes

Vertige !

Mais je respire

Par toi

Par ton parfum et par ta loi.

Tes écorces préhistoriques

Me dessinent des personnages

Des animaux et des visages

Pour meubler les heures statiques

Les branches autour de toi s’ébattent

Mais nulle ne détourne de toi

Tu es la force et le pavois

De ce lieu.

 

Le rouge-gorge

 

Boule de plumes ébouriffée

Légère

Petit effronté

Rouge de colère

Poitrail vermillon

Becquée de fourmillons

Bataillons , bataillons

Sautillons, sautillons

Chantons, chantons !

 

 

La mésange bleue

 

Jaune bleu blanc noir

Joli costume de bal

Masqué pour

Belle mésange élégante

Enchantement voletant

D’arbre en arbre

S’accrochant et décortiquant

Habilement

Des graines.

 

Quatre saisons

 

L’automne premier poème

 

Le ciel s’obscurcit et pleure

Puis rit à nouveau dans le vent

La forêt revêt

Son habit de couleurs :

Col roux, care rouge et chaussons d’or

Les feuillages sont comme vivants

Il en pleut mille trésors

Et la nuit vient de bonne heure

Comme si une fée jetait des sorts

 

L’automne parisien, second poème

 

L’été n’est plus

L’automne arrive

D’or et de rouille

Ciel d ‘orage sur l’autre rive

Eclats d’argent : les quais se mouillent

J’ai dans ma poche des marrons

Bien lisses et doux

Le cœur bercé par le ronron

Du chat qui dort sur mes genoux

Mes yeux attendent sagement

Telle une fête

Qu’explosent les couleurs des feuillages, pétards mouillés

A mes fenêtres.

Odeur de bois, de pluie dorée

Et de brouillard

O ciels souillés de fusain noir !

O temps folâtre !

O vent du soir !

 

L’été n’est plus, l’automne est là

Mon amie reste auprès de moi !

 

 

L’hiver

Poème 1

 

Magie d’hiver

L’hiver

Les étoiles sont-elles

Les pointes des baguettes de fées glacées

Qui descendent dessiner

Des duvets blancs sur nos fenêtres ?

Sous la froide lune d’argent

Logée dans le noir firmament

Mon souffle est nuage blanc

Vivement que je rentre maman !

J’aperçois ton ombre tendre

Derrière la fenêtre orange

Je sens l’odeur de la cannelle et du chocolat ….

Je respire, parfums délicats :

Sapin, jacinthe et clémentines

Ce soir je dors dans mon lit chaud

Je rêverai d’anges et de cadeaux

 

Poème 2

Neige

Un manteau moelleux crisse sous mes pas

Des flocons légers jouent avec moi

La neige a coiffé la nature et toute chose

De beauté pure

De silence d’or

Et de paillettes d’argent

 

La tempête

 

La tempête n’en fait qu’à sa tête.

Elle a un toupet inouï

De nous réveiller la nuit

Elle casse les murs les branches, les arbres,

Tout en restant de marbre

Je préfère la brise, l’alizé,

A tant de choses brisées !

 

Printemps

 

Haïku

 

Aux premiers arbres en fleurs

Les mots bourgeonneront

Dans le cœur des poètes

 

Poème 2 (inspiré de l’haïku ci-dessus)

 

Aux premières fleurs du printemps

Qui s’allument

Bourgeons de mots dans mon cœur

Poèmes au bout de ma plume

Pétales

Lumières d’écume

Sur le bleu du ciel

Douceur et fraîcheur

 

 

L’été

 

Ô merveille !

Des morceaux de soleil

Réchauffent ma peau

Salée

Halée

Je respire la mer

Je bois sa fraîcheur

Azurée

Vent de liberté

O ligne pure, plumage blanc et argenté

Des goélands, des mouettes

Vol plané

Au-dessus de ma pauvre tête

D’humanidé

O Sable doux adoré

Oyats fous et sentiers volés

 

Un commentaire »

  1. « Il faudrait mourir de chagrin »
    Il est très joli celui-ci
    bisous
    k

    Comment by kat — 20 juin 2009 @ 22 h 39 min

RSS feed for comments on this post. TrackBack URL

Leave a comment

Powered by WordPress